Voici une chronique sur le roman La rose de Tunis, par Amélie Diack, blogueuse, et chroniqueuse littéraire, à Paris.
Deux vies qui se côtoient et ne se croisent pas. Deux classes sociales différentes. Lui, est Suisse et vendeur dans l’immobilier de grand luxe. Elle, est femme de ménage dans l’hôtel où il réside souvent. Comment pourraient-ils se rencontrer? Se parler? Elle n’en a pas le droit. Et lui, pas le temps. Muhsina et Franck ont un point en commun qu’ils ignorent : ils ont peu d’amis. Par choix ou par manque de temps. Chacun porte en lui le poids d’un secret, d’une erreur, d’une terreur. En souffriront-ils toute leur vie? Cela leur demande une grande force, une grande abnégation, pour vivre ou survivre avec. Le destin veille. Il ne dort jamais. Il lui est possible de donner un coup de pouce à ces deux êtres accablés par la vie qu’ils mènent.
Muhsina pousse un grand cri face au destin. Comme un roseau, elle plie sous le poids de sa misérable vie. Mais elle ne rompt pas. Même si, parfois, elle a ses genoux plantés dans le sol de Tunis. Franck se pose des questions sur la vie qu’il mène. Par des mots clairs, d’une grande force, l’auteur nous raconte la souffrance, les questionnements, la recherche du bonheur, la résilience de deux humains, sous le soleil de Tunis. Il nous fait découvrir la ville, et, quelquefois, ses habitants. Une ville où l’entraide s’établit avec une grande sincérité. Une ville où l’humour fait un pied de nez à la malchance. Où la charité se fait tout naturellement. Alors, Muhsina se dit « mektoub« .
Il suffit d’une erreur pour que la vie bascule. Qu’elle devienne un véritable cauchemar. Muhsina en sait quelque chose. De notre côté, on peut jouir de tous les bienfaits dans la vie de l’agent immobilier suisse et ressentir le manque dans la vie de Muhsina. Le manque de quelque chose. C’est le cas de Franck. Ils se cherchent. Ce roman est le récit d’une histoire où deux êtres vivent de nombreuses épreuves. Pour se retrouver en tant que humain. En tant que couple. C’est une histoire d’amour à contretemps. Une histoire qui ressemble à un bœuf entre musiciens. Un tango argentin. Le lecteur se laisse enlacer, emporter, et ses pas obéissent à la musique rudement langoureuse. Un fandango portugais où les sons font naître une révolte intérieure, invitant l’être à se questionner. Se reprendre. Aller au bout de lui-même. Loin de sa zone de confort. C’est un roman simple. Beau. Dur comme la vie. Comme l’amour. La beauté de chacun est au fond de soi. Franck et Muhsina le découvriront après maintes épreuves. Mektoub.
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